DSRA - Année transitoire en numérique



Cette année 2015-2016, le DSRA de l'Ensba Lyon s'accorde une année de redéfinition. Moment transitoire et exploratoire, cette année pivot s'imagine comme un terrain d'expérimentation largement ouvert ; l'objectif étant, pour ses acteurs, qu'ils soient praticiens et/ou théoriciens, de tracer des lignes de recherche à prospecter sur un temps plus long.



Certes, déterminer un axe de travail sur un relatif long terme en numérique paraît quasi impossible vus les changements de paradigmes rapides au niveau technologique et conceptuel : réalité augmentée, web 2.0, impression 3d, big data... Ces multiples secteurs semblent trop éphémères ou ancrés dans la technique pour devenir de vrais objets d'attention artistique. Pourtant, depuis les années 60, ces transformations numériques rapides ont donné l'opportunité de renouveler et de mettre à l'épreuve le champ artistique sur de nombreux aspects formels et notionnels. Du « Computer Art » au Software Art en passant par le net.art - entre autres - de multiples productions issues de collectifs ou d'artistes seuls, de multiples écrits et pensées, ont alimenté une réflexion riche et souvent passionnée. En s'appuyant sur ces expériences passées, l'année qui vient sera l'occasion de repenser l'inscription artistique au sein de notre société numérique.



Afin de donner un première orientation de recherche – non limitative – nous souhaiterions faire l'hypothèse d'un «  laboratoire tactique  ».

Ce « tactic lab » cheminerait sur les pas de la logique « tactique », décrite dans la célèbre définition de Michel de Certeau :

« […] j'appelle tactique l'action calculée que détermine l'absence d'un propre. […] La tactique n'a pour lieu que celui de l'autre. Aussi doit-elle jouer avec le terrain qui lui est imposé tel que l'organise la loi d'une force étrangère. Elle n'a pas le moyen de se tenir en elle-même, à distance, dans une position de retrait, de prévision et de rassemblement de soi : elle est mouvement "à l'intérieur du champ de vision de l'ennemi", comme le disait von Bülow, et dans l'espace contrôlé par lui. […] Elle fait du coup par coup. Elle profite des "occasions" et en dépend, sans base où stocker des bénéfices, augmenter un propre et prévoir des sorties. Ce qu'elle gagne ne se garde pas. […] Il lui faut utiliser, vigilante, les failles que les conjonctures particulières ouvrent dans la surveillance du pouvoir propriétaire. Elle y braconne. Elle y crée des surprises. Il lui est possible d'être là où on ne l'attend pas. » (M. de Certeau, L'invention du quotidien, I : Arts de faire, Gallimard, 1990, p. 60-61.)

Depuis le net.art, notamment, et plus globalement en art si l'on regarde du côté des happenings, cette approche tactique, opportuniste, agile et circonstanciée, a souvent donné lieu à des projets éclairés car ancrés dans leur médium tout en conservant la capacité critique de s'en distancier. Par des jeux de codes, par des « hacks », par des processus détournés, nombre d’œuvres ont fait mouche en inventant des moyens impertinents d'aborder un domaine ou une technique. Du simple Pixel blanc d'Antoine Schmitt à des « déroutages » comme Amazon Noir d'Ubermorgen.com, de la Barbie Liberation Organization « sponsorisée » par RTMark à la Transparency Grenade de Julian Oliver, des dizaines de projets montrent, à différentes échelles et degrés d'intervention, combien il est plus intéressant d'investir la société numérique à la manière d'un grand terrain de jeu plutôt que d'essayer d’arrimer « l'art » à des spécialités numériques.



Reposant sur la mise en œuvre de projets (réalisations, expositions, textes...) issus de ces acteurs, cette année transitoire prendra la forme d'un séminaire hebdomadaire régulier les lundis (10h-13h en salle 209).



Activités Tactic lab 2016 :

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MIG 28